Nancy, il était une fois ...
Il etait
une fois
PlaCE de la CroIX
Longue histoire pour cette place. dont les origines remontent à 1477, date historique de la victoire du duc René II de Lorraine sur Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, lors de la bataille de Nancy.
de BourgognE
origine du monument
En ce lieu, au bord de l'étang Saint Jean, le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, trouva la mort à l'issue de la bataille de Nancy le 5 janvier 1477.
Dès 1477, le duc Rene II avait tenu a y placer une stèle composée d'une croix à deux croisillons, la croix de Lorraine. Le symbole était double : la croix comme signe funéraire, la croix de Lorraine comme marque de sa victoire.
Au fil des siècles, ce monument a été réparé ou remplacé à de nombreuses reprises. La croix est relevée en 1594, puis à nouveau en 1610 par Elisée de Haraucourt, gouverneur de Nancy, et encore en 1760 par la municipalité.
souscription de 1820
La croix subit les aléas du temps? Aussi une souscription est lancée en 1820, dans le but de financer sa restauration.
Placée au centre d'un îlot au cœur de l'étang Saint-Jean, le nouveau monument prend la forme d'une colonne corinthienne surmontée d'une croix de Lorraine. Les 500 francs nécessaires sont rassemblés, parmi les dons, on notera la participations du général Drouot.
L'édifice en pierre calcaire est achevé en 1821.
arrivée du chemin de fer
Avec l'arrivée du chemin de fer en 1847, l'étang est asséché pour permettre l'installation d'infrastructures ferroviaires. La Croix se retrouve au centre d'un terrain vague, entourée par les bras du ruisseau Sainte Anne.
Lors d'une visite à Nancy en 1865, Napoléon Ill souhaite une nouvelle mise en valeur du monument et de ses abords. II faudra attendre une délibération du conseil municipal du 21 août 1870 pour que !'aspect des abords évolue.
Deux rues vont encadrer le terrain, la rue Jeanne d'Arc à l'est, la rue de la Croix de Bourgogne (actuelle rue Christian Pfister) à l'ouest. Une voie reliant ces deux rues passe par le monument, la rue de Bourgogne.
La Croix est retournée et réhaussée de remblais provenant de la butte de la Tour de la Commanderie.
projet avorté de 1893
En 1888, le journal "l'Express de l'Est" relayé par la revue "la Lorraine Artiste" réclame la restauration ou mieux le remplacement du monument. L'idée est par ailleurs émise de la création d'une place.
Un comité se constitue en 1892 à cette intention. Un concours est lancé, portant tant sur le monument que sur son intégration à une nouvelle place à créer. Seize projets sont examinés par le jury en 1893. C'est celui présenté par Victor Prouvé et Camille Martin qui est retenu.
La souscription lancé ne réunit que 3310 francs sur les 20000 nécessaires. Malgré de nombreuses réactivations du comité, le projet n'a toujours pas abouti en 1914, faute de financement.
la création de la place 1/2
En 1897, la municipalité engage l'aménagement d'une place rectangulaire, décentrée vers le sud par rapport au monument qui se retrouve donc dans un angle. Elle portera le nom d'emblématique monument déjà présent.
Les côtés de la place se dessinent peu à peu :
Au sud, à l'angle de la rue Jeanne d'Arc, l'immeuble Art Nouveau réalisé en 1910 par les architectes Emile André et Paul Charbonnier.. Le reste est construit dans les années 1920-1930 dans un style Art déco plus ou moins marqué.
Au nord, l'angle de la rue Jeanne d'Arc est occupé autour de 1905 par un immeuble de style encore académique, abritant encore aujourd'hui le Bar de la Lune.
A l'angle avec la rue Christian Pfister, l'Hôtel des Mutuelles de l'Est est construit dans les années 1920 sur les plans de Fernand Mascret, au décor très marqué Art déco.
la création de la place 2/2
L'espace entre les deux angles reste longtemps occupé par de modestes constructions abritant des activités artisanales ou commerciales. Ce n'est que dans les années 1980 que sont édifiés les actuels immeubles.
A l'ouest, des maisons toujours Art déco, viennent compléter deux bâtisses du 19ème siècle.
L'ancienne ruelle de la Malterie, élargie, est rebaptisée rue du général Hoche. On peut encore y voir les bâtiments de la malterie, repris dans les années 1930-1950 par la Société Loraine de Eaux Gazeuses aux caves occupées aujourd'hui par une salle de spectacle.
la couverture du ruisseau
Le dernier tronçon du ruisseau sainte-Anne qui coulait entre la place et la rue de la Commanderie, n(est couvert qu'en 1905, suite à une pétitions des riverains.
Il convient alors d'indemniser M. Bordier pour la disparition de sa pisciculture et de trouver une alimentation complémentaire en eau pour les locomotives de la Compagnie de Chemin de Fer de l'Est.
un nouveau monument
En 1924, le comité pour l'érection d'un nouveau monument est réactivé. C'est de nouveau le projet de Victor Prouvé, en collaboration avec Georges Biet, qui est retenu. Le monument est inauguré le 1er novembre 1928.
Le monument, élèvé au milieu de la place, à environ 15 m du précédent, ne signale donc plus l'emplacement exact de la mort du Téméraire. De style Art déco, il est réalisé en grés des Vosges, avec des inscriptions en mosaïque. Le duc de Lorraine brandit le croix. A ses pieds, figurent les armes de Nancy, de l'Alsace et de la Suisse, alliées de René II. Sur le socle, est rappelée la victoire de René II, assurant l'indépendance de la Lorraine.
Sur les faces latérales, les mentions "Vive la Lorraine" et "Vive la Bourgogne" rassemblent les deux états, autrefois ennemis. Sur la face arrière, sont reprises les inscriptions historiques du précédent monument. Pendant plus de cinq ans, les deux monuments coexistent. L'ancien a rejoint la collection du musée lorrain depuis 1934.
le réaménagement
En 1991, la municipalité décide de réaménager la place.
A l'issue d'un concours et de la consultation municipale de quartier, c'est le projet de "parcours ludique" qui est retenu.
Mais dès sa mise en œuvre, c'est un tollé des riverains. Un mur qui culmine à 4 m de haut coupe la place en deux, et bouche la vue de certains. L'on évoque le mur de la honte. André Rossinot, alors maire de Nancy, prend la décision de démolir le mur.
Les quelques vestiges qui subsistaient ont disparu lors du dernier réaménagement de 2019.
le réaménagement
La Ville de Nancy a choisi, dès 2016, de repenser la place de la Croix de Bourgogne avec les citoyens, riverains et membres du conseil citoyen, enfants des écoles situés à proximité, afin d'offrir un nouvel espace public de qualité.
Débutés en juin 2019 et durant sept mois, les 6.000 m² de la place ont été réaménagés, avec fontaine à jets d’eau, végétation, square de jeux, agrès sportifs et coin repos.
Le réaménagement de la place a fait l'objet de l'obtention d'une subvention européenne, à hauteur de 539.518 €.
La restauration du monument a été rendue possible grâce au mécénat de la société Eurovia, de la Fondation du patrimoine et de son club des Mécènes 54 et de particuliers.